Marion Achard, autrice de Quand la nuit tombe, a présenté sa BD

Poser en images et en mots, grâce aux vignettes et aux bulles, le souvenir familial de la Seconde guerre mondiale : c’est ce qu’a fait Marion Achard avec Quand la nuit tombe. En voici les dessous.

Marion Achard, autri­ce de livres, était en visite à Vizille pour la première séance française de dédicace du second tome de sa duologie Quand la nuit tombe sortie il y a dix jours, et intitulé My/aine. L’occasion dès 14 h 30 de rencontrer près de 40 lecteurs et lectri­ces de tous âges dans la salle du conseil municipal à l’hôtel de Ville. Cette séquence de plus d’une heure a permis de découvrir la genèse de cette aventure, avant que ne com­mence la séance de dédicace à la librairie La Page d’Ac­cueil.
La discussio11, appuyée d’une présentation vidéo pro­jetée, a révélé tout le proces­sus créatif autour de ses deux tomes : l’autrice a mis quatre
ans pour tour à tour convain­cre les protagonistes de bien vot1loir témoigner, effectuer des recherches historiqt1es et les faire valider, trouver un il­lustrateur dessinateur. Qua­tre années de recherches, d’épreuves, douloureuses parfois, quatre années d’une vie pour témoigner du passé, par devoir de mémoire.
Valider encore et encore les informations
Tout d’abord, il a fallu con­vaincre ses grandes-tantes Lisou et Mylaine – 92 et 102 ans – de bien vouloir témoi­gner, raconter malgré leur sentiment« qu’il n’y a pas grand-chose à dire », ravivant parfois ainsi de mauvais sou­venirs. Marion Achard avait envisagé un troisiè1ne tome avec sa grand-mère comme protagoniste, mais celle-ci n’a pas souhaité témoigner. En­suite, pour que la bande des­sinée envisagée soit confor­me à l’histoire, Marion Achard, « bien que non-histo­rienne » a « procédé à de mul­tiples recherches histori­ques, à partir des dates et informations données par Li­sou et Mylaine ». Elle a ensui­te rencontré le directeur de la maison d’Izieu, qui a validé les recherches concernant les dates des évènements relatés pas Lisou et Mylaine, notament dans la région.
Puis il a fallu trouver un il­lustrateur dessinateur pour mettre en image toutes ces aventures. Après de multi­ples recherches, elle décide de faire quelques planches de test avec Toni Galmés, Espa­gnol vivant à Majorque, qui a même appris la langue fran­çaise en quelques mois pour travailler avec Marion Achard. Ces tests étant con­cluants, et après de nom­breux échanges, parfois co­casses – la forêt de sapins se transformant en forêt de la­pins avec Toni dont la compréhension du français n’était pas encore parfaite -, le binô­me est allé visiter le musée et le camp de concentration d’Auschwitz Birkenau afin de s’inspirer du lieu pour mieux en rendre l’atmosphère dans la BD. Le directeur du camp, Polonais mais parlant Fran­çais, s’est entretenu avec Ma­rion et Toni et a validé par la même occasion, encore, les recherches historiques effectuées par Marion concernant la vie dans le camp de Mylai­ne.
De ce travail de longue ha­leine en sont sorties deux bandes dessinées à destina­tion d’un public adolescent et adulte, un véritable devoir de mémoire qui raconte la vie d’une enfant de dix ans, Li­sou, qui échappe à la déporta­tion, et de sa grande sœur, Mylaine, qui est déportée à Auschwitz et qui en reviendra à la fin de la guerre.
Les dessins, à l’aquarelle, pas colorisés via un logiciel mais bien au pinceau, doux et apaisés, permettent d’atté­nuer un peu la dureté et la tristesse de cette période du xxe siècle.
Les deux grandes tantes de Marion ont lu les deux tomes et ont pu reconnaître ainsi leur histoire, certes un peu romancée par moments, mais très proche de la réalité qu’el­les ont toutes deux vécue. À lire, vraiment. 

Philippe Geoffroy